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"Chroniques transatlantiques"
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20 juillet 2005

William C. Westmoreland (1914-2005)

L’homme qui personnifia en grande partie la guerre du Vietnam est mort le 18 juillet dernier. Officier extrêmement brillant, très tôt remarqué de ses supérieurs, Westmoreland a eu un comportement exceptionnel pendant la Seconde Guerre mondiale, d’Afrique du Nord en Italie, de Normandie en Allemagne.

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Il reste cependant célèbre pour avoir commandé les troupes américaines au Sud Vietnam de 1964 à 1968. C’est durant cette période que la présence militaire US est passée de 20.000 conseillers militaires à 500.000 soldats. Faisant face à un ennemi insaisissable, à une opinion publique inquiète rapidement devenue hostile, et à un gouvernement sud vietnamien peu fiable, Westmoreland a fini par personnifier l’établissement militaire contre lequel toute une génération s’est révoltée. Certains le qualifiaient de criminel de guerre, son effigie était brûlée sur les campus.

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Dans un entretien accordé en 1982, Westmoreland déclarait: "It was my fate to serve for over four years as senior American commander in the most unpopular war this country ever fought." (“C’était mon destin que de remplir les fonctions de commandant en chef pendant quatre années de la guerre la plus impopulaire que le pays n’ait jamais menée”). Selon lui, l’armée américaine n’avait pas perdu la guerre du Vietnam. "We won the war after we left, in effect," (“Nous avons gagné la guerre après que nous soyons parti, en fait”) dit-il en 1991. "One of our great strategic aims was to stop the Communist advance in Southeast Asia, and when you look at Southeast Asia today, the Communists have made no gains. Today, Vietnam is a basket case run by a bunch of old men and is a threat to no one but itself." (« L’un de nos grands objectifs stratégiques était de stopper l’avancée des Communistes en Asie du sud est, et quand on regarde l’Asie du sud-est maintenant, on se rend compte que les Communistes n’ont pas progressé. Aujourd’hui, le Vietnam est une sorte de panier géré par une bande de vieux types et n’est une menace pour personne, si ce n’est pour lui-même. »

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La strategie militaire de Westmoreland consistait à conduire une guerre d’usure, en essayant de détruire les forces ennemies plus rapidement qu’elles ne pouvaient se reconstituer. Les soldats américains, répartis dans des unités d’au moins 750 hommes, étaient engagés dans des missions de “recherche et de destruction” afin d’infliger les pertes les plus importantes possibles aux forces nord vietnamiennes. Comme il n’y avait pas de ligne de front, Westmoreland et ses officiers mesuraient leur réussite en comptant le nombre de soldats ennemis tués.

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Westmoreland a aussi été critiqué pour ses declarations optimistes qui donnaient une idée fausse du réel déroulement des opérations. Il a multiplié les déclarations sur le mode “la lumière au bout du tunnel”, “la fin est proche”, “l’ennemi est désespéré”…

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Il s’est justifié de la défaite après coup, en declarant qu’il avait été empêché d’engager une guerre totale par les manifestants gauchistes dans les campus et les polémiqueurs de tous poils, et plus specialement les journalistes. Le Président Johnson, soucieux d’éviter que le conflit ne dégénère en une confrontation globale avec la Chine, a rejeté les demandes de Westmoreland consistant à élargir le champ de bataille à l’ensemble du sud est asiatique. Après l’offensive du Têt, tournant majeur de la guerre, Westmoreland a demandé au pouvoir politique l'envoi de plus de 200.000 soldats supplémentaires, ce qui aurait impliqué un rappel de tous les réservistes. Johnson ne l’a pas suivi dans son maximalisme, et l’a rappelé à Washington, le nommant Chef d’état major de l’armée américaine.

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"C’était un soldat cultivé qui avait lu de nombreux ouvrages militaire," dit de lui le Général Giap, chef de l’armée vietnamienne. "Mais il a commis une erreur en demandant des troupes supplémentaires après l’offensive du Têt. Il aurait bien pu envoyer 300.000, ou meme 400.000 hommes supplémentaires. Cela n’aurait fait aucune différence."

Toute analogie avec des faits contemporains serait évidemment fortuite…

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