Ma petite entreprise
Amis avocats, comment augmenter le chiffre d’affaires de vos cabinets ? Car enfin, n’en déplaise aux puristes, un cabinet d’avocat, c’est avant tout une entreprise dont il convient de faire progresser volume d’activité et rentabilité. Et ne me parlez pas de l’aide juridictionnelle ! Il ne revient pas à un avocat de tendre sa sébile à l’Etat, et ceux qui se font prendre dans ce piège ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes…
Non, il faut trouver des clients, et des clients solvables de préférence.
Les Etats-Unis ont une longueur d’avance sur les pratiques hexagonales en la matière. A vrai dire, je ne sais pas s’il s’agit d’ « avance » ou de « progrès », mais il est certain que les avocats américains ne s’encombrent guère des principes déontologiques très « vieille Europe » qui ont conduit jusqu’à une époque récente à interdire en France toute forme de publicité pour les avocats.
Ici les ronds de jambes éthiques, et les subtilités autour de « ce qui se fait » et de « ce qui ne se fait pas » apparaissent surannés. Il n’est qu’à voir les dizaines de pages d’annuaires consacrées aux cabinets d’avocats, qui par ailleurs financent d’innombrables messages publicitaires tant à la radio qu’à la télévision. Détail amusant : comme il est interdit d’employer des acteurs dans les spots publicitaires (il y a tout de même quelques règles…), ce sont les avocats eux-mêmes qui s’y collent, jouant leur propre rôle dans de petites saynètes s’inspirant de la vie réelle. Imaginez votre patron tournant des films publicitaires ! Curieusement d’ailleurs, ils sont généralement piètres acteurs, surjouant, et enchaînant tous les clichés du plaideur-défenseur-de-la-veuve-et-de-l’orphelin… Un rôle de composition, donc.
Certains font cependant preuve d’un effort d’innovation qui les distingue de la multitude. Des idées sont sans doute à prendre, en évitant les sorties de route toujours possibles malheureusement.
Soyez un pitbull !
Telle est l’idée d’un cabinet d’avocat de Fort Lauderdale, en Floride, qui utilisait pour symbole un pitbull. Ont ainsi été diffusés des spots à la télévision et à la radio, dans lesquels était communiqué le numéro de téléphone de la firme : 1-800-PIT-BULL…
L’idée n’a pas été goutée par la Cour suprême de Floride qui, dans une décision rendue le 17 novembre dernier a considéré que la firme en question avait violé les règles régissant la pratique professionnelle des avocats. Ces règles interdisent aux avocats toute communication « décrivant ou caractérisant la qualité des services de l’avocat » qui n’est pas « objectivement pertinente dans le choix d’un avocat » ou qui est « trompeuse et de nature à induire en erreur ». Il est aussi précisé que “la publicité d’un avocat ne doit fournir que des informations utiles, factuelles, présentées d’une façon non sensationnelle”.
La Cour suprême a ainsi considéré que la publicité utilisant un pitbull « portait atteinte à la profession d’avocat dans son ensemble et contribuait à affaiblir la confiance du public dans le système judiciaire ». Elle a aussi craint que l’image du pitbull ne « soit perçue par les clients éventuels comme caractérisant les services juridiques fournis par l’avocat ». Pour la Cour suprême, la publicité faisait appel au côté sombre des qualités généralement prêtées aux pitbulls : malveillance, caractère vicieux et imprévisibilité.
Ce à quoi les avocats ont répliqué que, pour leur part, ils associaient l’image du pitbull aux qualités de force, loyauté, courage et ténacité, et que ces qualités étaient celles-là même que les consommateurs de services juridiques recherchaient en les consultant…
Les avocats font appel, et l’affaire est portée devant la Cour suprême des Etats-Unis.
Le site du cabinet est toujours en activité : http://www.800pitbull.com/. A visiter absolument !