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Le dernier ouvrage de Bernard-Henri Levy (“American Vertigo”, paru aux Etats-Unis en anglais avant d’etre diffuse dans l’hexagone) provoque des reactions contrastees aux Etats-Unis.
L’article ci-joint, paru dans la New York Times du 29 janvier dernier sous la plume de Garrison Keillor, en est un bon exemple. Il est intitule : “In the Road Avec M.Levy” (A lire ici : In_the_Road1.doc). Comme je suis paresseux, je n’ai pas traduit l’article, que les non-anglophones veuillent bien me pardonner.
En vrac, quelques observations sur ce cruel article :
1 – L’intellectuel francais ne semble pas etre un tres bon produit d’exportation. Il ne faudra pas compter sur lui pour reequilibrer une balance commerciale deficitaire. Tant pis, il continuera d’errer dans les cafes du 6eme arrondissement.
2 – Keillor ne se retrouve apparemment pas dans le portrait que BHL dresse des Etats-Unis, et s’irrite – sans doute a juste titre – des generalisations excessives et simplistes de BHL. Pourtant, il tombe dans le travers qu’il denonce en parlant des “Francais” ou des “ecrivains francais” (“French writers”, “the French”) pour critiquer BHL : pas tres coherent tout cela…
3 – Soyons clair BHL ne represente que lui-meme, et c’est deja beaucoup vu son ego surdimensionne. Qu’il soit critiqué, soit, mais que l’on n'elargisse pas le spectre de la critique a l’ensemble de la nation, si possible.
4 – Keillor a probablement raison: ce livre (que je n’ai pas encore lu) est sans doute autant au sujet de la France qu’au sujet des Etats-Unis. Aucun commentateur etranger n’echappe a cette critique, et je suis bien conscient que ce blog lui-meme est autant a propos de la France qu’a propos des Etats-Unis : ce qui nous etonne paraitra naturel a d’autres, l’ “exotisme americain” n’est pas forcement perceptible par les Americains eux-memes, et la comparaison n’est jamais bien loin de la description. Il en va d’autant plus ainsi pour des Francais nostalgiques de leur grandeur passee et qui cherchent a comprendre les ressorts de la reussite de la nation americaine.
5 – Il demeure que, pour caricaturales que paraissent les differentes etapes de BHL, il s’agit aussi de l’Amerique ! Cliches ? Poncifs ? Il vient pourtant un moment ou l’on est responsable de l’image que l’on projette de soi. Reprenons les etapes denounces par Keillor: Las Vegas, La Nouvelle Orleans, Beverly Hills, Graceland a Memphis, le salon des armes a feu a Fort Worth, San Francisco la debridee, l’Iowa State Fair, une course de stock car, the Mall of America (je crois que c’est le plus grand mall au monde, dans le Wisconsin ou dans le Minnesotta), le Mont Rushmore, les eglises geantes, les Mormons, les Amish, …Qui peut dire que ce ne sont pas differents visages de l’Amerique ? Ce sont differents aspects d’une realite americaine extremement diverse. Ce n’est pas toute l’Amerique, mais c’est aussi l’Amerique.
6 – En conclusion, je conseillerais volontiers au journaliste du New York Times de sortir de la presqu’ile de Manhattan de temps a autre, et de partir a la decouverte d’un pays que visiblement il ne connait pas tres bien : le sien. Ou peut etre le connait-il, mais il le meprise, ce qui encore plus grave.
BHL a accorde un entretien radiophonique a “All things considered,” excellente emission de NPR (National Public Radio), le 10 avril 2005, a propos de son dernier ouvrage. C’est ici, si vous voulez entendre son anglais, a l’accent francais assez prononce.
Enfin, pour un article plus aimable, mais non denue d’ironie, je vous conseille la lecture de l’article de Tunku Varadarajan, publie dans le Wall Street Journal du 21 janvier 2006 (French_Kiss.doc).