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"Chroniques transatlantiques"
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17 mars 2006

La vie sans les soldes

Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Je vous rassure, je ne vais pas me lancer dans un débat métaphysique !

Mais telle est la question que je n'ai cessé de me poser tout au long de mes études de droit, et qui me tracasse régulièrement, lorsque je suis confronté à des lois dont je ne perçois pas l'utilité. Combien de fois ai-je été confronté à un texte contraignant et suis resté perplexe en me demandant ce qui pouvait bien justifier que l'on interdise, que l'on oblige, ou que l'on réglemente telle ou telle activité ! Pratiquez cet exercice de votre côté et vous verrez : on peine fréquemment à trouver les fondements de règles bien établies qui organisent notre quotidien et contraignent notre liberté.

Il en va ainsi de la réglementation des soldes. Pourquoi réglementer les périodes durant lesquelles les commerçants sont autorisés à faire des promotions ? Pourquoi leur interdire d'accorder des rabais lorsque bon leur semble, et notamment lorsque la nécessité commerciale l'exige (insuccès de certains produits, besoin de liquidités, volonté de conquérir des parts de marché, stocks trop importants,...) ?

Cette législation reste pour moi un mystère. Elle va à l'encontre de la lutte contre l'inflation, elle est contraire à l'intérêt du consommateur, elle crée des rigidités inutiles sur le marché, elle induit ces périodes de folie furieuse dans les magasins au début des soldes et d'atonie généralisée juste avant les soldes au lieu de lisser la consommation tout au long de l'année, et je pense même qu'elle est contraire aux intérêts des commerçants. Ces derniers peuvent certes espérer commercialiser leurs produits à un bon prix hors périodes de soldes, mais les inconvénients sont légions : contrôle des autorités publiques pour vérifier si la législation est bien appliquée, complexité de la gestion des stocks, détournements variés de la loi de telle sorte que ceux qui la respectent sont pénalisés (sans compter les "faux soldes" : la vente de produits à bas prix pendant les périodes de solde mais de qualité inférieure), attentisme des consommateurs qui de plus en plus attendent les soldes pour effectuer leurs achats. J'en oublie sans doute.

Oh bien sûr, la suppression des soldes ferait le malheur des journalistes qui trouvent là un "marronnier" bien pratique à différents moments de l'année, mais bon...

En fait, sans être une spécificité française, il se trouve que la France maintient cette réglementation alors que nos plus proches partenaires économiques l'ont supprimée et ne s'en portent pas plus mal : l'Allemagne a supprimé les soldes, tandis qu'en Grande-Bretagne comme aux Etats-Unis, il n'y a pas de réglementation en la matière : les commerçants sont libres d'accorder des rabais quand ils le souhaitent, et d'adapter leurs prix à ceux de la concurrence. Aux Etats-Unis, les soldes sont permanents. Non pas que les prix les plus bas sont présents partout à tout moment, mais les commerces organisent des périodes de remise sur l'ensemble de leurs produits ou seulement sur certaines gammes à tout moment de l'année. J'ai l'impression que personne (commerçants, consommateurs, et pouvoirs publics) n'a à s'en plaindre.

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